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L’ONDINE DE CAPDEUILLES


sous ses airs de détachement railleur. Ce sera très intéressant. »

Et sa lèvre se souleva en un petit rictus amer, tandis qu’elle se détournait pour regarder une gerbe que lui présentait la fleuriste.

Au cours de leur randonnée, les voyageurs s’arrêtèrent au hasard de leur caprice après avoir couvert pendant la journée le plus grand nombre possible de kilomètres. Le comte Borelsky appelait cela, sans rire, « visiter la Normandie ». Sa femme, qui ne comprenait rien aux beautés naturelles, trouvait charmante cette course folle. Lorbier, le peintre, gémissait : il n’avait même pas le temps de distinguer quelque joli coin où il pourrait venir plus tard planter son chevalet. La baronne de Sauroy, belle et coquette Espagnole, veuve très consolée d’un attaché d’ambassade mort presque ruiné, s’absorbait dans son flirt avec M. de Montluzac, dont elle était ardemment éprise et qui jouait de cette passion en dilettante, selon sa coutume.

Au cours de ce voyage sans itinéraire fixe, la correspondance des uns et des autres ne leur était pas parvenue. Le troisième jour, ils la trouvèrent