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L’ONDINE DE CAPDEUILLES


devant la porte-fenêtre restée ouverte. Roselyne murmura :

— M. de Veuillard ! Quel malheur ! Nous étions si bien !

Intérieurement, Odon répéta la même parole. D’un coup d’œil rapide, il toisa l’étranger, un homme de son âge, grand et lourdement charpenté, avec un visage coloré que barrait une moustache rousse.

Roselyne tendit sans empressement sa main à l’arrivant. M. de Capdeuilles présenta l’un à l’autre les deux jeunes gens. Les petits yeux de M. de Veuillard glissèrent un regard défiant vers Odon. Celui-ci, froidement poli, se mit à étudier le personnage pendant que la conversation s’en gageait. Il le jugea en un clin d’œil fort infatué de lui-même, dépourvu de culture intellectuelle et penchant vers les goûts vulgaires. Et il songea : « Je comprends qu’il déplaise à cette délicate petite Roselyne. »

Il se sentait impatienté, presque irrité d’entendre ce gros garçon appeler la jeune fille par son nom, et lui rappeler qu’il l’avait vue tout petit bébé, dans les bras de sa nourrice. Mais en remarquant l’expression du regard qui s’attachait sur Roselyne, Odon retint un sursaut de colère méprisante. Eh quoi ! ce grossier hobereau osait