Page:Delly - L ondine de Capdeuilles.pdf/72

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


67
L’ONDINE DE CAPDEUILLES


reparut sur ses lèvres et dans son regard — ce sourire éblouissant que Roselyne aimait tant.

— Petite fille ! Que voulez-vous que je lui fasse, à votre Minou ? Je me contente de ne pas l’aimer, voilà tout.

— Et vous n’êtes pas le seul, ajouta le curé. Mme  Geniès, par exemple, ne peut souffrir non plus la gent féline. Ce sont des antipathies instinctives dont on se rend difficilement maître.

En causant, ils sortirent tous trois du presbytère. De nouveau, ils traversèrent le petit enclos funèbre que le soleil quittait déjà, car il était resserré entre la maison curiale et les vieux contreforts un peu affaissés de l’église. Au passage, Roselyne montra à Odon la chapelle funéraire des Capdeuilles, et s’y arrêta pour prier. Là étaient enterrés son père et sa mère.

— Figurez-vous que si je n’avais pas grand-père, cela me serait égal de mourir, confia-t-elle à Odon, en s’éloignant de la sépulture.

— Voulez-vous bien vous taire ! Est-ce qu’on a ces idées-là ?

Il la regardait, n’osant chercher à s’imaginer morte cette petite créature si vivante, si délicieuse.

Elle dit paisiblement :

— Ce sont de très bonnes idées. J’y pense souvent.