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L’ONDINE DE CAPDEUILLES


si claire qu’elle déclara avoir très bien compris. Puis elle s’installa sur les coussins, et M. de Montluzac ayant pris place près d’elle, l’automobile se dirigea vers le village.

— Eh bien, avez-vous peur, petite fille ? demanda au bout de quelques minutes Odon, voyant Roselyne demeurer songeuse, les yeux fixés vers le dehors.

— Oh ! pas du tout ! Maintenant que les ornières de notre pauvre route sont passées, cela roule, roule… C’est délicieux ! Et ces coussins ! Comme on y est bien !

Ses étonhements d’enfant, sa joie naïve amusaient Odon. Depuis bien longtemps, il n’avait été lui-même aussi franchement gai, dépouillé de cette ironie troublante bien connue de son entourage. L’âme de cette enfant était une source claire qui répandait sa fraîcheur apaisante jusqu’à ce cœur d’homme desséché par l’absence complète d’affection, par le scepticisme glacial issu d’une vie intérieure orgueilleusement solitaire, et d’une connaissance approfondie de certaines âmes féminines, telles qu’il lui était donné d’en étudier dans son entourage habituel.

Il donna l’ordre au chauffeur de faire le tour du village, puis de s’arrêter devant l’église. Celle-ci était une vieille construction romane, un peu