j’ai peur, et il y a des nuits où je ne peux pas dormir, avec cette idée.
Odon prit la main qui frissonnait et la serra doucement. Une compassion très inaccoutumée adoucissait son regard.
— Pauvre petite ! Ce doit être bien dur, en effet. Mais j’espère que les arrangements dont je vais m’occuper avec M. de Capdeuilles changeront cela.
Le regard de Roselyne s’éclaira d’espoir.
— Ah ! vous concertez quelque chose avec grand-père ? C’est pour cela qu’il vous a fait venir ? Oh ! j’en suis bien contente !
Sa gaieté était revenue. En apercevant l’auto mobile, derrière la grille, elle s’écria :
— Qu’elle est grande ! qu’elle est belle ! Vous devez être très bien là dedans, Odon ?
— Vous en jugerez demain, Roselyne.
— Je me demande si je n’aurai pas peur.
— Je vous assure bien que non ! Vous verrez. Au revoir, petite fée des eaux.
— À demain, mystérieux inconnu de mon rêve.
Son joli rire jeune et candide s’échappa en une fusée légère, à laquelle fit écho le rire vibrant d’Odon. Puis elle s’appuya contre la grille pour voir démarrer l’automobile, et M. de Montluzac, en se penchant à la portière, aperçut encore le