Page:Delly - L ondine de Capdeuilles.pdf/51

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


46
L’ONDINE DE CAPDEUILLES


souffrir, comme cette nuit, je ne sais plus… j’ai peur. Je me sens si seule !

Le délicat visage frissonna, et les yeux qui regardaient Odon s’emplirent d’une angoisse frémissante.

Il s’émut un peu, en faisant observer :

— Mais vous avez cette dame Geniès, dont M. de Capdeuilles m’a vanté les qualités ?

— Oh ! oui, ma chère vieille amie ! C’est elle, et M. le curé, qui m’ont élevée, instruite, dirigée, car mon bon grand-père, vous comprenez, il ne savait que me gâter ? Je suis tout ce qui reste de sa famille… Mais j’aurais peut-être été très désagréable si d’autres ne m’avaient appris qu’il faut se dévouer, être très bonne, et penser aux autres avant soi-même.

— Oh ! mais, c’est très austère, cela, Roselyne !

Elle secoua la tête, doucement.

— Austère ? Je ne trouve pas. Et c’est très facile… Mais vous parliez de Mme  Geniès. Oui, elle reste toujours une aide morale pour moi. Mais elle est infirme, elle aussi, et si… si grand-père était très malade, elle ne pourrait pas venir près de moi. Ménie et Christophe, nos domestiques, sont vieux, vieux, et se traînent à peine. Quand je me mets à penser à cela, à… ce qui pourrait arriver,