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L’ONDINE DE CAPDEUILLES


cieux petit cœur, aimant et candide ! Quand je pense que peut-être un homme le prendra, le meurtrira… un homme comme je l’ai été… un homme comme vous l’êtes peut-être, et comme il y en a tant…

La voix du vieillard s’étouffa un peu.

Odon eut un sourire de froide raillerie, en ripostant :

— Oh ! ne vous alarmez pas d’avance, et ne nous chargez pas de tous les péchés de l’univers ! Ce sera peut-être votre petite Roselyne aux yeux candides qui fera souffrir d’autres cœurs, et qui se jouera de l’amour qu’elle saura inspirer.

M. de Capdeuilles le regarda avec un effarement indigné.

— Elle, ma petite Rosey si délicate, si loyale ! Elle, si bonne, si tendre !

— Je ne nie pas ses qualités actuelles. Mais elle peut changer, en devenant femme.

— Non, non ! Elle est profondément droite et honnête, elle a reçu de son curé et de Mme  Geniès, une forte éducation morale. Avec cela, on ne devient pas une coquette, mais une bonne petite femme qui saura toujours remplir son devoir.

Le sourire d’ironie ne s’effaçait pas des lèvres d’Odon. M. de Capdeuilles le remarqua.

— Vous êtes un sceptique, mon jeune cousin ?