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L’ONDINE DE CAPDEUILLES


saient avec un tremblement sénile. De près, le visage du vieillard apparaissait ravagé, d’une pâleur blafarde, avec deux yeux sans vie, tristes et inquiets.

D’une voix lente, M. de Capdeuilles continuait :

— La fin arrive, et l’on ne voit derrière soi que des fautes. On aperçoit sa propre ruine morale, celle d’autrui, dont on fut cause, et l’on constate aussi des ruines matérielles… Tel est le cas ici. Vous avez pu vous en rendre compte dès l’abord. Lorsque, dépouillé par le jeu, je me suis enfin réfugié à Capdeuilles, le domaine était déjà négligé depuis des années. Je n’avais d’argent que pour mes plaisirs et je laissais à l’abandon la vieille demeure cependant très aimée. Pour payer de lourdes dettes, je dus vendre toutes les terres, peu à peu. Bientôt, il ne me resta plus que le château et les jardins. Vous avez vu dans quel état ils sont. Pour vivre, je dois faire abattre des arbres, chaque année — de ces vieux arbres qui sont la plus belle parure de Capdeuilles.

— Oui, j’ai remarqué ces coupes. C’est, en effet, bien grand dommage.

— J’éprouve chaque fois une souffrance en donnant cet ordre. Mais il faut vivre — et surtout faire vivre ma petite-fille. Roselyne est la fille unique de mon fils, mort à vingt-quatre ans après