Page:Delly - L ondine de Capdeuilles.pdf/34

Cette page a été validée par deux contributeurs.


29
L’ONDINE DE CAPDEUILLES


— Voilà six ans qu’il ne quitte plus son fauteuil… Et il souffre tant parfois ! Cette nuit, j’ai dû passer trois heures près de lui, pour essayer de le soulager.

C’était là, sans doute, l’explication de ce petit cerne bleuâtre que M. de Montluzac remarquait sous ses yeux.

— … Voulez-vous que je vous conduise près de lui, mon cousin ? Je crois qu’il vous attend avec impatience.

Ils prirent ensemble la direction du château. Du coin de l’œil, Odon regardait la lumière danser sur les cheveux de Roselyne, et sur la blancheur délicate de son visage. La jeune fille disait :

— Vous avez vu notre pauvre jardin ? Il a dû être bien beau, autrefois.

— En effet, ses vestiges le démontrent.

Roselyne soupira en murmurant :

— C’est un chagrin très fort pour grand-père. Ils passèrent près des petits bassins d’eau morte, sur lesquels la brise éparpillait les feuilles jaunies. La façade du château s’étendait devant eux, élégante de lignes, ravagée par les intempéries. Sur la terrasse, dont la balustrade forgée était devenue d’un rouge brun de rouille, le vieux chien dormait toujours. Roselyne expliqua :