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L’ONDINE DE CAPDEUILLES


servante me racontait souvent cette légende. Mon imagination s’en trouvait vivement frappée, et l’un de mes plus grands amusements était de jouer à l’ondine. J’ai continué plus tard… Oui, même maintenant, je cueille encore quelquefois des nénuphars et des herbes aquatiques pour m’en parer et je m’assieds près de l’étang en essayant de me figurer le palais d’eau de la belle ondine.

Elle avait un tout petit sourire des yeux, du coin des lèvres, très jeune, et délicieux.

— … Aujourd’hui, voilà que je me suis endormie ici, car j’étais très fatiguée. Et j’ai rêvé que j’étais vraiment l’ondine, que j’attendais quelqu’un, comme elle… En m’éveillant, je vous ai vu devant moi. Croyant continuer mon rêve, j’ai dit : « Ah ! vous voilà ! »… Puis aussitôt, j’ai compris que vous deviez être ce cousin, M. de Montluzac, à qui grand-père m’a fait adresser une lettre. Alors je n’ai pu m’empêcher de rire, en pensant que je vous avais pris pour le mystérieux inconnu qu’attendait l’ondine, et aussi en me disant que je devais vous paraître bien singulière.

Personne, mieux qu’Odon, n’était documenté sur la coquetterie féminine, étudiée par lui dans tous ses replis avec une psychologie aiguisée, cruellement subtile. Dans le simple geste d’une femme vue pour la première fois, ou même seule-