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L’ONDINE DE CAPDEUILLES


bien vite, le secret de ce cœur virginal. Déjà, il en avait eu l’intuition, cet hiver, en recevant les lettres où elle lui parlait de son cousin Odon, « tellement bon pour elle, et dont les yeux étaient si doux qu’on voudrait les regarder toujours. » Cette phrase, surtout, avait frappé le curé, en l’inquiétant beaucoup. Il s’était un peu rassuré, plus tard, quand Roselyne lui avait appris que M. de Montluzac voyageait, et qu’elle ne le voyait plus bien souvent. Allons, le marquis tenait sa promesse, il s’arrangeait, comme il l’avait dit, pour demeurer éloigné de sa jeune cousine. Celle-ci, dans ses lettres, ne parlait presque plus de lui, au grand contentement du prêtre… Mais elle n’était pas depuis trois jours au presbytère qu’il devinait ce secret que la jeune fille ignorait encore — ou, du moins, dont elle ignorait le nom véritable.

Ce qu’il avait redouté s’était produit. Roselyne aimait son cousin. Il se répétait qu’il ne pouvait rien empêcher, qu’après sa mort qu’il sentait prochaine, M. de Montluzac aurait pris la tutelle et recueilli de même la jeune fille sous son toit. Néanmoins, il se reprochait de l’avoir laissé partir. Ici, à Capdeuilles, elle aurait eu encore une année tranquille, une année de paix enfantine.

Il est vrai qu’il y avait ce gros Veuillard, qui