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L’ONDINE DE CAPDEUILLES


— Oui, j’ai compris que ma pauvre petite fée était bien malheureuse, ce soir.

Un tressaillement léger courut sur le visage de Roselyne. Il y eut un court silence, pendant lequel Odon contempla avec ravissement la merveilleuse vision, dans la pénombre du large corridor éclairé à distance par quelques lampes à globes opalisés. Puis Roselyne dit de cette voix tranquille, un peu voilée, qu’avait déjà remarquée Odon ce soir :

— Je vous demande pardon de vous avoir donné cet ennui…

— Quelle plaisanterie ! L’ennui, ce n’est pas de vous qu’il vient, c’est de ma grand’mère, et de ma cousine Marguerite, qui vous ont tourmentée pour obtenir ce qu’elles voulaient… Mais allez vite vous reposer. Nous causerons demain, très longuement.

Il porta à ses lèvres la main délicate, agitée par un léger tremblement. Roselyne la retira avec un peu de hâte en disant :

— Bonsoir, Odon, et merci encore.

La porte se referma derrière elle. Machinalement, Odon revint à l’escalier. D’en bas montaient des bruits de voix, des rires, le son d’une harpe. Le jeune homme passa la main sur son front. Qu’avait-elle donc, cette petite Rosey ? Il la retrouvait tellement différente, à son égard ! Presque