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L’ONDINE DE CAPDEUILLES


matites qui les frôlaient rappelaient au jeune homme les nénuphars dont la petite ondine s’était parée pour attendre l’inconnu de la légende. Elle avait comme alors ses yeux candides et son sourire d’enfant. Odon pensa avec une joie émue : « Si, si, grand’mère, elle est bien toujours la petite fille que j’ai connue là-bas ! »

Elle dit à mi-voix, pensivement :

— J’aime bien quand vous me regardez comme cela.

— Je ne vous regarde pas toujours de la même manière ?

— Non… Je ne sais pas expliquer… Mais n’importe comment, vos yeux sont très doux.

— Vraiment, ma chère petite, je ne vois pas pourquoi ils seraient autrement, à votre égard !

— Mais si, vous pourriez vous fâcher quelque fois contre moi… par exemple quand je vous ennuie en vous demandant des explications.

— Vous ne m’ennuyez jamais, petite folle. La preuve en est que je viens de refuser de vous donner à quelqu’un qui vous aurait emmenée de chez moi, pour toujours.

Les beaux yeux aux reflets d’eau vive s’ouvrirent très grands.

— Me donner à quelqu’un ?