Page:Delly - L ondine de Capdeuilles.pdf/157

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


152
L’ONDINE DE CAPDEUILLES


— Je voudrais que ce fût toujours.

— Moi aussi.

Elle se pencha, et ses doigts effleurèrent la corolle blanche de l’orchidée qui ornait la boutonnière de M. de Montluzac.

— C’est une de celles que j’aime tant.

Il prit les doigts effilés et les baisa doucement. Ses yeux sourirent à Roselyne.

— Vous ne m’avez pas donné votre impression sur votre après-midi chez Colonne, hier ?

— C’est vrai, nous ne nous sommes pas vus depuis ! J’ai été de nouveau transportée par cette symphonie pastorale, Odon ! Que c’est beau ! Que c’est beau !… Et à côté de moi, figurez-vous, il y avait une jeune femme qui semblait tant s’ennuyer ! Quand ce fut fini, elle répondit à son mari qui lui demandait son impression : « Mais c’est fort joli, et bien exécuté. » Joli, du Beethoven ! Dites, Odon, est-ce le mot qui convient ?

Il rit, devant l’indignation sincère qui faisait étinceler merveilleusement l’expressif regard.

— Ah ! petite âme vibrante que vous êtes ! Non, ce n’était pas le mot, grands dieux ! Et la personne en question n’était, en matière d’art, qu’une philistine… Qu’a-t-on joué qui vous ait plu, en dehors de la Pastorale ?

— Une œuvre d’un compositeur russe, un