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L’ONDINE DE CAPDEUILLES


à Paris ! Quand je sors avec Mme Berfils, il y en a qui me regardent dans les yeux. C’est très ennuyeux.

— N’y faites pas attention, ma chère petite. Ce sont des gens mal élevés, en effet.

— Certains, par exemple, sont très polis. Hier, un grand jeune homme blond m’a offert la main pour descendre du métro. Ce matin, nous l’avons croisé dans la rue de Grenelle, et il nous a saluées.

Les sourcils blond foncé qui traçaient un arc élevé au-dessus des yeux d’Odon se froncèrent, jusqu’à se rejoindre.

— Qu’est-ce que vous allez faire dans le métro ? Je ne veux pas de ce genre de locomotion. J’ai mis une automobile à votre disposition, servez-vous-en, tant que vous le voudrez.

— Oh ! c’était par hasard ! Nous étions sorties à pied, et voilà qu’il s’est mis à pleuvoir. Alors, n’ayant pas de voiture sous la main, nous avons pris le métro. Est-ce donc dangereux, Odon ?

— Dangereux… pas plus qu’autre chose. Mais je n’aime pas pour vous…

Et il songeait : « Je devrais lui expliquer mes raisons, l’enlever peu à peu à cette périlleuse innocence d’enfant. » Mais comme le vieux prêtre, comme Mme Geniès, il n’osait pas, il reculait l’heure qui marquerait, pour l’âme blanche de