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L’ONDINE DE CAPDEUILLES


— Mon enfant, je vous crois un honnête homme. Quand vous parliez à Roselyne, j’ai vu dans vos yeux que votre intention était droite. Mais… mais elle peut vous aimer, elle. Je ne dis pas tout de suite… mais plus tard, quand elle connaîtra un peu la vie. Vous vous montrerez bon pour elle, vous lui apparaîtrez — ceci soit dit sans aucune pensée de flatterie — comme bien supérieur à la plupart des hommes qu’elle rencontrera…

Un pli se formait sur le front d’Odon. Le jeune homme dit, après un court instant de réflexion :

— Pour le moment, Roselyne n’est encore qu’une enfant. Et la manière fraternelle dont je la traiterai nous gardera, je l’espère, de semblable éventualité. D’ailleurs, monsieur le curé, je suis le seul parent de Roselyne, donc appelé à la revoir, à m’occuper d’elle.

— Et même à devenir son tuteur, un jour ou l’autre, peut-être bientôt, car je m’affaiblis beaucoup. Évidemment… évidemment…

— Soyez persuadé que, tout le premier, je tiendrai à l’empêcher d’aimer un homme comme moi, sceptique et mauvais, indigne de sa pure et délicieuse jeunesse. Cette enfant a remué dans mon cœur desséché quelques fibres encore vivantes, mais, je vous le répète, il ne s’agira jamais, entre elle et moi, que d’affection fraternelle. J’y tiens