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L’ONDINE DE CAPDEUILLES


douleur, tant d’angoisse éperdue en ces yeux admirables !

Autour de lui, le vent dépouillait de leurs feuilles défuntes les poiriers en quenouilles et les hauts pommiers. Le sol en était couvert, et au passage, Odon les enfonçait dans la terre amollie par une pluie nocturne. L’air sentait le fruit mûr et le feuillage mort qui se décompose dans le terreau humide. Un coq chanta dans la petite basse-cour où des poules grattaient le sable couleur de safran clair. Le chat blanc passa, frôlant M. de Montluzac. Celui-ci le repoussa du pied, avec répulsion.

Et il murmura :

— Dire que cette enfant charmante deviendra peut-être une de ces créatures fausses et cruelles qui font le malheur d’un homme !

Au bout de l’allée, le curé apparut. Il marchait lentement, alourdi par l’âge, traînant des jambes rhumatisantes. Odon alla au-devant de lui. Le vieux prêtre lui tendit la main.

— Merci d’abord, monsieur, pour la sympathie dont vous entourez notre pauvre petite Roselyne.

— Je le fais tout spontanément, je vous assure ! Cette enfant si attachante inspire aussitôt le désir de l’aider, de la consoler.

— N’est-ce pas ?… Écoutez, monsieur, je l’ai