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L’ONDINE DE CAPDEUILLES


trouver les épingles, Odon enleva celles-ci adroitement et posa le chapeau sur un meuble. Les cheveux d’or roux apparurent, tassés par le poids du crêpe, mais déjà prêts à se redresser dans leur souplesse soyeuse.

— Oui, reposez-vous, ma chère petite enfant, dit le vieux prêtre en s’asseyant près d’elle. Vous savez qu’ici vous êtes chez vous… M. de Montluzac nous fera bien le plaisir de partager notre modeste déjeuner ?

— Certes, et de tout cœur, monsieur le curé. Mais je vais vous demander la permission d’aller fumer une cigarette dans votre jardin. J’ai cette mauvaise habitude de ne pouvoir rester plus de quelques heures sans en tenir une entre mes doigts.

En réalité, Odon voulait laisser seuls le prêtre et Roselyne. Il comprenait que ce vieillard saurait, bien mieux que lui, étranger hier encore à sa jeune cousine, prononcer les paroles capables de redresser la petite âme souffrante dont il était depuis des années le confident et l’ami.

Dans les allées étroites, bordées de buis, M. de Montluzac flânait en tirant quelques bouffées de sa cigarette. Il pensait à la souffrance de Roselyne, à son isolement. Son cœur volontairement desséché s’attendrissait. Il avait vu tant de vraie