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plus qu’on ne lui en a appris — officiellement. »

Gwen, de son côté, ressentait le même contentement. Revenue dans la lingerie, elle se remémorait, en raccommodant, son court entretien avec Mlle Herminie. Celle-ci, jusqu’alors, ne lui avait témoigné aucune sympathie et cette physionomie sans grâce, généralement narquoise, entrevue seulement au passage, n’avait rien qui attirât. Mais voici qu’aujourd’hui cette indifférente lui montrait de l’intérêt. C’était beaucoup, pour l’enfant traitée en paria dans la maison de son tuteur, considérée au-dehors comme une petite créature douée d’un détestable caractère et d’à peu près tous les défauts — car ainsi la montrait Mme Dourzen, quand elle parlait d’elle.

— Pensez donc, quels instincts a pu lui léguer sa mère ! disait la vertueuse Blanche à ses connaissances et aux sœurs qui instruisaient Gwen. Il faut combattre cela, et cette sournoiserie si détestable chez elle.

Ce qu’elle appelait sournoiserie, c’était la silencieuse fierté de l’enfant, ce repliement un peu farouche sur elle-même, devant la malveillance et l’injustice. Ni punitions, ni dures paroles n’avaient pu en avoir raison. Gwen accomplissait exactement, avec une adresse et une intelligence souvent au-dessus de son âge, les tâches qu’on lui donnait ; mais Blanche ni personne d’autre, à Coatbez, ne pénétrait dans cette vie morale déjà si intense, ne con-