Page:Delly - L'orpheline de Ti-Carrec, 1981.pdf/79

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

j’irai aussi dîner à Kermazenc ? s’écria Rose, dont les yeux brillaient de convoitise en s’attachant sur la toilette de sa mère.

— Certainement, mon trésor !… Allons, Hervé, partons ! Il ne faut pas nous trouver en retard… As-tu vérifié si la tenue de Corentin était correcte ?

— Très correcte. Mais nous ne lui donnerons jamais le genre qu’il n’a pas.

Mme Dourzen s’assombrit un peu.

— Hélas ! non. C’est que nous n’avons pas le moyen de nous payer des domestiques de style… Mais je veux que mes filles aient une autre situation que la mienne, et je ne négligerai rien pour y parvenir.

Il y avait déjà une vingtaine de personnes dans les salons de Kermazenc, quand y furent introduits Hervé et sa femme. M. de Penanscoët les reçut à l’entrée de l’un d’eux. M. Dourzen avait dit à Blanche : « C’est un homme intimidant. On n’est pas très à l’aise avec lui. » De fait, Mme Dourzen baissa un moment les yeux sous le regard de ces prunelles brillantes, qui semblait vouloir pénétrer jusqu’au fond de l’âme. Cependant, elle s’enhardit, devant l’amabilité relative du comte et témoigna — de façon peut-être un peu trop appuyée — sa joie de connaître les châtelains de Kermazenc.

— Je vais vous présenter à ma femme, dit M. de Penanscoët.

Dans un salon voisin se tenait debout la princesse hindoue, au milieu d’un cercle de