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m’occupe d’elle, je la dresserai au travail manuel, pour que plus tard je sois rémunérée, par les services qu’elle me rendra, de ma peine, du sacrifice que j’ai fait en la recueillant. Et elle devra me remercier, car je lui aurai ainsi mis dans les mains un moyen de bien gagner sa vie, par ce temps où il est plus avantageux de travailler des doigts que de l’esprit.

— Mais, Blanche, une Dourzen…

— Une Dourzen… une Dourzen… Qu’en sait-on ? Avec ces sortes de femmes-là, il est permis d’être sceptique… et le pauvre Armaël est peut-être mort d’une découverte désagréable.

Hervé regarda sa femme avec stupéfaction.

— Quelle idée ! Où vas-tu prendre cela ?

— C’est bon, c’est bon ! J’ai toujours tenu pour suspecte cette Varvara, et c’est pourquoi je t’ai déclaré, à son arrivée ici, que je ne voulais aucun rapport avec elle. Mes amies m’ont approuvée. Elle n’a trouvé ici aucune relation…

— Elle n’en a pas cherché.

— Parce qu’elle a vu aussitôt, à l’attitude de tous, que ce serait s’exposer à des avanies. Alors elle a cru bon de faire la fière, de poser pour la sauvage… Je ne pouvais la souffrir, cette créature !… Mais si je m’occupe de sa fille, j’entends l’élever à ma guise, pour en avoir le moins d’ennui possible.