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avait écouté en silence les recommandations du docteur Barbel : « Il faut être bien raisonnable, ma petite fille. Votre maman ne peut plus s’occuper de vous ; mais je trouverai quelqu’un qui s’en chargera. » Puis il était parti, et Gwen était restée seule, avec son grand chagrin.

Sa mère ne la gâtait pas, ne lui témoignait pas une affection expansive ; mais elle l’entourait d’une sollicitude jamais démentie. Non, même dans les jours où des pensées plus sombres mettaient leur marque sur sa physionomie, même dans les jours où, pour tromper quelque secrète angoisse, pour calmer une pénible agitation, elle allait le long des routes, le long de la grève, Varvara Dourzen n’avait cessé de veiller sur sa fille, de lui donner les soins moraux et physiques nécessaires.

Et Gwen aimait sa mère avec toute l’ardeur d’un cœur déjà passionné. Elle ne connaissait qu’elle. Son père était mort deux ans auparavant, et elle gardait à peine le souvenir d’un fin visage au regard rêveur, de quelques baisers reçus, d’un grand polichinelle donné par lui et qui avait été volé peu après par un boy chinois. Toute son affection s’était donc concentrée sur Varvara. Et, avec celle-ci, tout lui manquait subitement.

Elle ne songeait pas à ce qui allait advenir d’elle, maintenant. Elle n’avait qu’une pensée : « Maman est morte, je ne la verrai plus. »

Quand le docteur Barbel et M. Dourzen