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crainte que tu avais de me voir te reprendre. Mais tu ne songeais pas qu’en agissant ainsi, tu condamnais cet homme à mort.

— Qu’est-ce que vous dites ?

Les yeux de Varvara se dilataient, en s’attachant sur la figure étrange où les yeux brillaient d’une lueur presque insoutenable.

— Ce que je veux dire.

— C’est vous qui avez tué mon mari ?

Le cri fut jeté avec un accent d’horreur ; les mains de la jeune femme s’étendirent convulsivement, comme pour repousser M. de Penanscoët.

— Je lui ai simplement fait savoir que, six ans auparavant, Varvara Tepnine avait été mariée par un ministre protestant, dans un hôtel de New York, et que de ce mariage était né un fils. La nouvelle si imprévue a suffi, chez un homme dont le cœur était malade.

— Ah ! quel abominable…

Les mots s’étranglèrent, devinrent une sorte de râle. Pendant un moment, Varvara parut sur le point de défaillir. M. de Penanscoët la considérait avec un cruel sourire. Il dit froidement :

— Je t’ai prévenue que je me vengerais, après que tu as fui ma demeure. Puis tu as enfreint ma défense en te mariant. Tout cela devait se payer. Maintenant que tu as été châtiée comme tu le méritais, je te pardonne.

Varvara frissonna de tout son corps, comme