Page:Delly - L'orpheline de Ti-Carrec, 1981.pdf/249

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
247
L’ORPHELINE DE TI-CARREC

que, petite fille, j’étais là en escapade, ce même jour où je t’avais aperçu dans le petit temple, écoutant la musique jouée par une jeune femme hindoue.

— Quelle enfant curieuse tu étais ! Et plus tard, tu as continué… heureusement pour moi, car, sans cela, comment aurais-je connu ma bien-aimée ? Aussi devons-nous rendre grâces à cette brave demoiselle Herminie de son imprudence… n’est-il pas vrai, Gwen ?

Il se penchait en souriant vers la jeune femme.

— Oui… oh ! oui. Je lui en voulais d’abord, cependant ; mais depuis… comme je lui ai pardonné !

— Elle était cependant bien coupable, elle qui devait avoir de l’expérience ! Tout cela aurait pu fort mal tourner pour toi, ma pauvre Gwen.

— Si je n’avais pas eu le bonheur de tomber sur un Dougual de Penanscoët…

— Qui n’est pas si mauvais qu’aurait pu le faire croire la façon dont il t’a enlevée !

Il se pencha davantage pour mettre un ardent baiser sur le beau visage levé vers lui. Puis il se leva et quitta la pièce.

Gwen l’avait suivi des yeux. Quand il eut disparu derrière la portière de soie jaune brodée de fleurs fantastiques, la jeune femme appuya sa tête contre le divan et demeura longuement immobile, les yeux clos.

Devant elle se déroulait le film de sa vie…