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L’ORPHELINE DE TI-CARREC

m’y emploierai avec tout l’amour que vous avez su m’inspirer.

Dans une allée bordée d’orangers passait une mince forme masculine vêtue de blanc. Dougual porta à ses lèvres son sifflet d’or et en tira un son prolongé. L’homme vint à pas rapides et Gwen reconnut le jeune homme qu’elle avait déjà vu avec le jeune vicomte de Penanscoët, à Kermazenc.

— Pars pour Manille, Willy, ordonna Dougual.

— Bien, maître.

Il s’inclinait profondément. Mais ses yeux, d’un bleu brillant et dur, s’attachaient pendant quelques secondes sur Gwen et celle-ci, de ce regard, éprouva une impression profondément désagréable.

— Willy est mon secrétaire favori, dit Dougual. C’est lui que j’ai chargé d’aller chercher, en avion, un prêtre à Manille. Que ce prêtre soit espagnol, peu importe ; vous n’en serez pas moins mariée selon votre religion.

Gwen était trop inexpérimentée pour lui objecter que, si elle devait se trouver ainsi en règle avec la loi divine, elle ne le serait point, par contre, devant les lois de son pays, qui n’accorderaient pas, à elle et à ses enfants, le droit au nom de Penanscoët. Et peut-être même, si elle y eût songé, aurait-elle passé outre, dans la confiance de la jeunesse et l’enivrement de cet amour dont elle sentait