Page:Delly - L'orpheline de Ti-Carrec, 1981.pdf/241

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
239
L’ORPHELINE DE TI-CARREC

ont amené mon père et moi-même à en adopter une autre.

— Laquelle ? demanda Gwen.

— Le brahmanisme, mais adapté au temps présent, amalgamé avec les autres religions qui se partagent les peuples d’Asie.

La physionomie de Gwen s’assombrit. En son âme pénétrée des croyances chrétiennes, la réponse de Dougual jetait une crainte et un scrupule. Pouvait-elle, en ce cas, accepter de s’unir à lui ? Mais, tout aussitôt, elle pensa :

« Je le ramènerai à d’autres idées, je le convertirai, puisqu’il m’aime ! »

« Je vous aime. » Quelle puissance avaient ces trois mots sur le cœur de Gwen, prononcés par ce Dougual mystérieux et charmeur ! Quel enchantement pour un cœur ardent, avide de se donner après avoir si longtemps vécu comprimé, sans cesse blessé, dans l’atmosphère hostile de Coatbez ! Puis encore, il eût fallu à cette persécutée une vertu presque surhumaine pour n’être pas grisée, enivrée devant la perspective éblouissante que lui ouvrait Dougual de Penanscoët, la choisissant pour épouse.

Cependant, une autre objection se présenta à son esprit et elle l’énonça aussitôt :

— Mais vos parents connaissent-ils vos projets ? Qu’en disent-ils ?

— Je leur apprendrai notre mariage quand ils seront ici, dans une quinzaine de jours, répondit Dougual.