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L’ORPHELINE DE TI-CARREC

— Quant à vous, Gwen, n’ayez aucune crainte. Je vous aime et vous êtes la première, la seule à qui j’ai dit ce mot. Il est vrai que vous ne me connaissez pas. Mais ayez confiance, je vous rendrai heureuse. Ne me jugez pas sur la façon dont j’ai agi à votre égard, en vous faisant enlever et transporter ici. Mon père et Appadjy, son ami, m’ont élevé dans l’idée que tout m’était permis, que je n’avais pas à mettre d’entraves à mes volontés. Maintenant que je vous connais, je regrette d’avoir, en la circonstance, suivi cette ligne de conduite. Mais je saurai bien réparer mon erreur et vous convaincre de ma sincérité, si vous devenez ma femme.

Ils venaient de s’arrêter au bord d’un petit lac fleuri de lotus roses. Sur la berge se dressait un kiosque de marbre rouge, dans lequel étaient disposés des sièges recouverts de somptueuses soieries brochées d’or. Deux paons se tenaient sur les degrés de marbre blanc qui menaient au lac. Dans l’air chaud passaient les pénétrantes senteurs des fleurs innombrables, presque toutes inconnues de Gwen.

— Je vous ferai une situation privilégiée, reprit Dougual. Vous serez ma seule épouse et, comme je vous l’ai dit hier, notre union sera bénie par un prêtre de votre religion, qu’un de mes avions ira chercher demain à Manille. Cette religion, vous serez libre de la pratiquer à votre gré. Elle était, d’ailleurs, celle de mes ancêtres. Mais les circonstances