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cette voix et de cette question y aurait simplement suffi.

Elle fit un pas en avant, tandis que son visage s’empourprait, que ses yeux étincelants se posaient sur la physionomie railleuse et souriante.

— Je dis que vous êtes un misérable et un lâche, monsieur de Penanscoët !

Dougual eut un léger sursaut. Dans son regard, un éclair passa. Il dit avec un calme plus effrayant que la violence, car on y sentait frémir une froide, terrifiante colère :

— Voilà des paroles qui vont vous coûter cher.

— Peu importe ! Je vous les répéterai de nouveau. Oui, un misérable et un lâche, qui s’attaque à une femme sans défense, qui veut la retenir captive au mépris de tous les droits !

Elle ne baissait pas les yeux sous le regard fulgurant. Ces beaux yeux ardents et indignés, tout ce jeune être frémissant, bravaient le tout-puissant rajah qui tenait entre ses mains le sort de la prisonnière.

Dougual porta à ses lèvres un petit sifflet d’or et fit entendre une modulation légère. Derrière lui, une portière bougea, s’écarta ; deux tigres magnifiques parurent et vinrent se placer de chaque côté du jeune rajah.

Gwen recula. Sur son visage, le sang se retirait. Dougual dit froidement :

— Les rajahs de Pavala, auxquels mon père et moi succédons, avaient coutume de livrer à