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une sourde rage les Penanscoët s’enrichir en de semblables voyages, remplir leur logis d’objets rares et magnifiques, leurs coffres de pierreries, de riches étoffes, de broderies merveilleuses provenant de la Chine et du Japon, où ils trouvaient moyen de pénétrer et de sortir indemnes.

L’un d’eux régna pendant quelque temps sur un petit État hindou. Un autre se fit musulman, épousa une Persane, puis la laissa là pour revenir se marier chez lui. Un autre encore, parti pour l’Amérique, fut adopté par une tribu de Comanches et ne reparut plus en Europe. Dans toute la Bretagne, les Penanscoët avaient la réputation de gens fort originaux, orgueilleux, dominateurs et trop portés vers ces aventures lointaines d’où ils revenaient souvent pervertis par l’or et les plaisirs, esprits forts et cœurs sans morale dont les pasteurs spirituels de la contrée déploraient le triste exemple.

Or, les deux frères, Ivor et Riec, suivirent de bonne heure les traces des ancêtres. Ils visitèrent à peu près toutes les parties du globe, mais surtout l’Inde, la Chine, les îles océaniennes. On apprit un jour qu’ils avaient épousé deux sœurs, filles d’un maharajah. On sut encore que Riec était mort l’année suivante, et peu après lui sa femme.

Ivor ne revenait toujours pas en Bretagne, où l’attendait l’héritage paternel. On connut plus tard qu’il avait été désigné par le rajah