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Entre ses paupières mi-baissées, Willy jeta sur son maître un regard surpris, que remarqua Dougual.

— Oui, une merveille, répéta le jeune rajah. Déjà, avant d’avoir vu son visage, j’avais remarqué sa grâce incomparable, dans ce costume — un costume de « vraie » Hindoue — qu’elle portait si aisément. Le masque me laissait voir sa bouche délicate, si vite frémissante, et l’éclat de ses yeux. Je connaissais la rare chaude nuance de ses cheveux et la fine blancheur nacrée de ses bras, de son cou charmant. J’avais entendu sa voix, pure et musicale, qui tremblait un peu en répondant à mes questions. Et quand je lui eus enlevé son mas que, je ne fus pas désillusionné, au contraire !

Après un court silence, pendant lequel il sembla évoquer une agréable vision, Dougual reprit :

— Ce doit être une très jeune fille. Je n’ai pu qu’entrevoir son visage, car, tout aussitôt, elle s’est indignée contre mon geste et s’est enfuie à travers les jardins, avec une légèreté de biche.

— Elle s’est enfuie ! répéta Willy sur un ton de stupéfaction.

Dougual eut un léger rire d’ironie.

— Cela t’étonne ? Moi aussi, car c’est la première fois que pareille aventure m’arrive. Mais j’y trouve une seconde raison pour m’intéresser à elle. Un peu de résistance me chan-