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jade, l’ouvrit et le présenta à Gwen, Il contenait des cigarettes. Elle fit un geste de refus en murmurant :

— Oh ! non, merci !

— Vous ne fumez pas ?… Jamais ?

— Jamais.

— Vraiment ? Eh bien ! cela ne me déplaît pas… non, pas du tout.

Il posa le coffret sur une table et s’assit près de Gwen. La jeune fille sentait sur elle son regard et tenait le sien détourné, en frissonnant un peu. Par une porte ouverte sur un parterre fleuri entrait l’air tiède de la nuit. D’une grande lanterne chinoise tombait une lumière douce, multicolore. Des spirales de fumée odorante, s’échappant d’un brûle-parfum de bronze, répandaient dans l’atmosphère une senteur capiteuse, étrange, qui se mêlait à l’arôme des fleurs, — œillets énormes, roses, orchidées, — dont étaient garnis les grands vases de porcelaine venus de l’Empire du Milieu.

Dougual, maintenant, questionnait Gwen. Était-elle bretonne ? Aimait-elle ce pays ? Connaissait-elle tel ou tel endroit de la côte ? Elle répondait le plus évasivement possible, car elle avait conscience qu’il cherchait à découvrir sa personnalité. Mais il fallait bien dire pourtant qu’elle ne connaissait rien, en dehors de ce petit coin de pays… rien ni personne, en dehors des Dourzen, de Coatbez, dont elle se gardait de prononcer le nom.