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sans jeter un noir coup d’œil vers l’inconnue qui, entre toutes, avait été choisie ce soir par Dougual de Penanscoët.

Gwen marchait comme en rêve, parmi cette féerie de lumière, de parfums, de costumes étincelants. Comme en un rêve aussi, elle écoutait Dougual qui lui parlait de l’Inde, lui décrivait des lieux, des costumes dont elle avait déjà quelques notions par ses lectures. Mais combien il savait rendre vivants, frapper d’un trait sûr, en quelques mots, ces descriptions, ces tableaux de mœurs et de paysages exotiques ! Quel charme, aussi, avaient cette voix ferme, harmonieuse, et ce regard qui attirait le sien, dont elle se détournait avec peine, en frémissant d’un obscur émoi !

Ils parcouraient les jardins d’un pas lent, tandis que l’orchestre javanais se faisait à nouveau entendre, après un moment de silence. Puis ils se rapprochèrent du château. Dougual dit :

— Je veux vous montrer quelques objets rapportés par mes aïeux de ces pays dont vous portez aujourd’hui le costume.

Pour la première fois, Gwen franchit le seuil du château de Kermazenc. C’était la continuation du rêve. Près de Dougual, elle traversa deux salons où étaient assis quelques invités et entra dans un troisième, celui dans lequel, parmi des bronzes de Chine, des ivoires travaillés par des artistes de l’Inde et de la Perse, des meubles de bois précieux incrustés de na-