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Elle était un peu affolée, l’aventureuse Gwen. Car elle comprenait qu’elle n’échapperait pas facilement à ce jeune rajah, dont le ton et la physionomie dénotaient qu’il avait coutume d’imposer à tous sa volonté. Et puis… et puis ne sentait-elle pas en elle-même le violent désir de lui obéir, l’attrait vertigineux de ce conte de fées vécu en compagnie d’un Prince charmant qui, pour être à demi asiatique, n’en avait pas moins un singulier prestige ?

— Venez, dit Dougual.

Il posait sur son bras une main à la fois impérieuse et douce. Elle frémit à ce contact, mais ne résista plus. Près de Dougual, elle descendit les degrés de marbre. Et elle pensait avec un frisson où l’angoisse était mêlée d’une sensation grisante :

« Est-ce bien moi, vraiment ?… Est-ce bien moi, Gwen, qui me trouve engagée dans pareille aventure ? »

Quand, sortant de la demi-obscurité de l’allée, elle se vit dans la partie éclairée des jardins, elle s’arrêta, instinctivement, n’osant plus avancer.

— Eh bien ! qu’y a-t-il ?

La voix de Dougual, un peu moqueuse, résonnait à son oreille.

— … Vous semblez bien craintive, charmante fille de l’Inde ? On voit qu’en effet vous n’êtes pas accoutumée de paraître dans le