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il était possible d’apercevoir la plus grande partie des jardins.

Dougual s’engagea dans l’escalier, dont les premiers degrés se trouvaient dans l’obscurité. Mais la lueur de la lune éclairait les autres et l’intérieur du petit kiosque dont les stores de soie étaient relevés. Dans cette pale clarté, Dougual vit se tourner vers lui une femme enveloppée de voiles blancs, la face cachée par un loup de velours noir.

À sa vue, elle eut un vif mouvement de recul. Il s’avança, en disant avec un accent de gaieté un peu railleuse :

— Je m’excuse de vous déranger dans cette solitude, madame. Mais je ne croyais pas y trouver quelqu’un, en ce moment où la fête est dans son plein éclat.

Tout d’abord, l’inconnue garda le silence. Dougual voyait frémir la pourpre des lèvres fines, la blancheur délicate des bras et du cou. Une voix qui tremblait un peu murmura :

— Je vois bien d’ici…

— Et cela vous suffit ? Êtes-vous, comme moi, peu amateur de ces réunions mondaines ?

— Je ne sais pas…

— Comment, vous ne savez pas ?

Il se rapprochait, en attachant un regard curieux et amusé sur les yeux qui brillaient dans les trous du masque.

— Non… je n’ai jamais assisté à aucune.

— Ah ! vraiment ? Vous êtes très jeune, sans doute ?