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tre, avec cette froideur courtoise qui semblait lui être habituelle et tenait à distance les plus audacieux — ou audacieuses. Quand il passait dans les parties éclairées, la lumière faisait jaillir de fulgurants éclairs des joyaux qui ornaient sa veste de brocart jaune et argent, des cordons de merveilleux rubis dont s’entourait son turban, fait d’une soie blanche idéalement légère. Les femmes le suivaient de regards ardents ; mais, jusqu’ici, il n’en distinguait aucune. Peut-être attendait-il l’heure où les masques tomberaient, pour choisir celle qui aurait l’honneur d’être conduite par lui au souper, servi à deux heures dans l’orangerie.

Quand il eut ainsi parcouru les groupes formés par les invités, Dougual jugea sans doute que pour le moment son devoir de maître de maison était accompli, car, appelant d’un geste Willy qui le suivait à quelque distance, il lui dit :

— Si mon père me demande, je suis dans le kiosque de marbre.

À quelques pas des parties éclairées, une allée restait obscure. Les rayons de la lune ne parvenaient même pas à percer la voûte épaisse des feuillages. Entre deux charmilles s’élevait un petit escalier de marbre qui conduisait à un charmant kiosque chinois, qu’un ancêtre de Dougual avait fait construire au retour d’un voyage dans le Céleste Empire. Ce kiosque se trouvait élevé de telle sorte que, par une perspective ménagée entre les arbres,