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zenc, en dépit du désir qu’elle en avait. Ce mystérieux château lui inspirait une curiosité un peu inquiète, dont elle s’étonnait, comme d’une anomalie dans son âme tourmentée, qui se désintéressait de tant de choses.

Le sentier dans la lande aboutissait à une petite maison de granit, tapie dans un creux de terrain où avaient poussé deux chênes, tordus par les rafales. On l’appelait Ti-Carrec. C’était là que logeait Varvara Dourzen avec sa petite fille.

Une servante borgne, portant la coiffe d’Audierne, parut sur le seuil usé.

— Je vais en commission au bourg, madame, dit-elle. Faut-il servir le thé auparavant ?

— Oui, servez, Anne-Marie, répondit la jeune femme de sa voix lente au doux accent slave.

La salle où elle entra était fraîche et toute remplie de la senteur saline qui pénétrait par la fenêtre ouverte. De là, on voyait la mer, aujourd’hui d’un bleu sombre et calme, presque câline dans ses lentes ondulations. Varvara alla vers une table pour y poser son sac. Elle vit là une enveloppe blanche portant son nom, posée bien en évidence. Tandis qu’elle la tenait entre ses doigts, en considérant avec surprise la suscription, d’une écriture inconnue, Anne-Marie entra, apportant le thé. Varvara demanda :

— D’où vient cette lettre ?