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— Oh ! certainement !… Mais vraiment, je n’oserais…

— Si, si, il faut oser, Gwen ! Cela t’amusera beaucoup, tu verras ! Vraiment, toi qui n’as jamais de distractions, tu peux bien prendre celle-là, très innocente !

La tentation était trop forte pour la jeune âme lasse de son existence à Coatbez et, grisée, ce soir, par la soudaine révélation d’une Gwen qu’elle ignorait. Puis, vraiment, son inexpérience ne voyait là rien de répréhensible, rien de dangereux. Pourvu que nul ne pût la reconnaître, que risquait-elle, comme le disait Mlle Herminie ? D’ailleurs, elle resterait peu de temps, juste ce qu’il fallait pour avoir le coup d’œil des jardins et tâcher d’apercevoir Mme de Penanscoët, les deux rajahs, peut-être quelques autres personnages de leur suite, Hindous, Chinois ou Malais.

Le goût de l’aventure, en cet instant, se réveillait avec violence chez Gwen. Il emportait toutes les considérations… et, une demi-heure plus tard, la jeune fille quittait le logis de Mlle Herminie pour gagner, par le jardin de Coatbez, le parc de Kermazenc. Elle y était retournée bien souvent, en ces huit années où les Penanscoët n’étaient pas revenus en Bretagne. Aussi le connaissait-elle maintenant en toutes ses parties, en ses plus mystérieuses retraites.

Ce soir, Macha l’accompagnait pour lui faire un passage plus large entre les arbustes