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— Non, non, ce n’est pas possible !… Ce n’est pas possible !

— Comme tu voudras, ma fille. Je pensais que cela t’amuserait de risquer cette petite escapade au nez des dames Dourzen et d’avoir le coup d’œil de cette fête. C’était une occasion unique, à cause du masque obligatoire. De cette façon, tu ne pouvais être reconnue. Mais n’en parlons plus, puisque cela ne te plaît pas.

Gwen, le front un peu penché, serrait les lèvres avec quelque nervosité. Mlle Herminie la considérait du coin de l’œil, en souriant avec une malice narquoise.

— Garde encore un peu ce costume. Il te va si bien ! Ah ! tu n’as pas l’air d’une Hindoue de carnaval, toi !

Le front penché se redressa un peu, les beaux yeux ardents et perplexes contemplèrent l’admirable vision que reflétait la glace.

— Vraiment, mademoiselle, croyez-vous que… que ce ne serait pas une folie… ? une imprudence ?

— Pas le moins du monde. J’ai assisté dans ma jeunesse à une de ces fêtes masquées. On cherchait à mettre des noms sur l’un ou l’autre des invités, mais on se trompait toujours. D’ailleurs, si tu crains de te mêler aux hôtes de Penanscoët, il doit bien y avoir, dans les jardins, des endroits où tu pourrais te dissimuler, pour voir sans être vue ?