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femme de chambre, sous la direction de Mlle Herminie. Les petites mules roses chaussèrent à merveille des pieds délicats, les cercles d’or semblaient faits pour les chevilles fines, pour les bras qui eussent ravi un sculpteur, comme le modelé parfait des épaules à demi découvertes.

— Ah ! ah ! tu n’es pas quelconque, toi ! dit entre ses dents Mlle Herminie, dont le regard luisait de contentement.

Il y avait, dans le cabinet de toilette, une grande glace appliquée contre le mur. Gwen pouvait s’y voir des pieds à la tête. Et elle ne se reconnaissait pas… Non, vraiment, ce n’était pas elle, cette femme si belle, cette éblouissante vision. Ou bien…

Ou bien, elle s’ignorait jusqu’alors. Tout d’un coup s’imposait à elle la révélation de sa beauté, qui en ces derniers mois était peu à peu sortie des indécises promesses de l’adolescence. Une émotion violente, un peu d’effroi gonflèrent son cœur. Elle murmura :

— C’est moi ? C’est moi ?

— Eh ! oui, mon enfant ! D’un coup de baguette, je t’ai transformée, ma petite Cendrillon, en bonne fée que je suis. Maintenant, tu es prête pour aller au bal du Prince charmant.

Gwen tourna vers la vieille demoiselle ses yeux dont la chaude lumière parut tout à coup s’assombrir.

— Il ne me manque qu’une chose : y être