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rait son visage pensif, sa bouche un peu crispée. Elle dit, après un moment de silence :

— Tu aimerais cette fête, toi, Gwen. Dans le cadre de Kermazenc, elle sera probablement féerique.

Les beaux yeux assombris se tournèrent vers la vieille demoiselle, tandis que Gwen ripostait, avec un rire léger nuancé d’amertume :

— Ce ne serait pas la place d’une paria comme moi, mademoiselle !

— Une paria ! Tu ne le serais pas pour tous, va, ma belle enfant, et je parie que la séduisante Rose Dourzen n’existerait pas près de toi, si tu paraissais devant Dougual de Penanscoët !

Un peu de rougeur monta aux joues de Gwen. Ses cils frémirent un instant sur les yeux éclairés par une soudaine émotion.

— Vous plaisantez, mademoiselle ! murmura-t-elle.

Mlle  Herminie eut un hochement de tête, un petit sourire amusé. Puis elle parla d’autre chose. Mais elle semblait distraite et Gwen l’était aussi. Peu après, la jeune fille prit congé. Macha l’accompagna dans la cour et revint au salon où sa maîtresse, la mine songeuse, caressait le chat toujours étendu sur ses genoux.

— Seigneur ! mademoiselle, elle devient chaque jour plus belle ! s’écria la femme de chambre en joignant les mains.