Page:Delly - L'orpheline de Ti-Carrec, 1981.pdf/145

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

petit temple, quand une fillette curieuse, pendant une nuit de lune, avait, derrière un bosquet de myrtes, contemplé avec émerveillement le Prince charmant et la belle princesse de l’Inde sur lesquels les lampes d’or répandaient leur douce et mystérieuse lumière.

Oui, voilà ce qui apparaissait peu à peu sous les doigts de Gwen. Et, quand ce fut fini, elle considéra l’aquarelle avec un mélange de surprise et de vive émotion.

« Il me semble que je n’ai rien fait d’aussi bien ! pensa-t-elle. Je vais voir si Mlle  Herminie sera de mon avis. »

Elle avait, un jour, conté à sa protectrice cette escapade nocturne et décrit sa vision féerique de telle façon que Mlle  Herminie avait dit en riant :

— Quelle richesse d’imagination et quel jeune cerveau romanesque ! Mais cela me plaît de te voir ainsi, enfant. Cela me plaît beaucoup.

Ce soir-là, quand la jeune fille se rendit chez Mlle  Dourzen, elle emporta donc l’aquarelle et, sans mot dire, la mit sur la table, devant la vieille demoiselle assise près de la fenêtre ouverte. Puis elle prit place un peu plus loin, dans un petit fauteuil bas qu’elle aimait.

— Qu’est-ce que cela ? Une aquarelle… Ah ! ta vision d’autrefois… Très bien, très bien… Oui, vraiment, tout à fait réussi. Quand as-tu fait cela ?

— Cet après-midi, je venais de voir M.  Dou-