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— C’est que vous les considérez comme des créatures très inférieures, dit Willy.

— En demi-Asiatique que je suis… Oui, c’est cela… Je crois que la grève est encore libre à cette heure, jusqu’à Kermazenc, car la mer commence de monter seulement. Continuons.

Gwen, entre les roches sur lesquelles retombaient de longues traînes de feuillages, suivit des yeux les cavaliers. Tous deux montaient remarquablement bien. Willy, dans sa tenue, dans sa physionomie, avait quelque chose de l’élégance de race qui distinguait l’héritier de Penanscoët. Mais il ne possédait pas ce charme dominateur qui frappait dès le premier abord chez Dougual.

Quand ils eurent disparu, Gwen resta un long moment immobile, ses yeux chargés de rêves attachés sur les yachts que balançait la houle ensoleillée. Puis, d’un geste presque machinal, elle commença de dessiner… Mais ce qu’elle reproduisait là n’avait aucun rapport avec le spectacle qui se trouvait sous son regard. C’était un petit temple brahmanique, au bord d’un lac, et, dans ce temple, un nonchalant jeune homme sur un divan oriental, une jeune et belle Hindoue assise sur des coussins et jouant d’un instrument de son pays, puis, un peu plus loin, surgissant de l’ombre, le mince visage de Willy, ses yeux clairs dont Gwen avait remarqué la dureté, aujourd’hui comme autrefois, car ce jeune homme était bien le même que l’adolescent présent dans le