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quelques pas devant l’autre et montait un admirable cheval blanc. Gwen reconnut d’un coup d’œil celui-là. C’était Douglas de Penanscoët.

À mesure qu’il approchait, elle distinguait mieux son visage légèrement bronzé, ferme et viril en dépit de sa finesse, et les yeux foncés, fiers et songeurs. Son compagnon, plus jeune de quelques années, était un mince garçon au teint brun clair, aux cheveux noirs et soyeux, coupés ras. Mais le regard de Gwen ne fit qu’effleurer celui-là, pour se reporter avec un palpitant intérêt sur Dougual de Penanscoët.

Le jeune châtelain avait arrêté son cheval. Il regardait vers la mer et Gwen ne voyait plus maintenant sa physionomie. Sa voix s’éleva, ferme, harmonieuse.

— Nous repartirons bientôt pour l’Asie, Willy. J’ai assez de l’Europe pour le moment.

Il avait parlé sans tourner la tête vers l’autre cavalier. Celui-ci fit avancer son cheval, en répondant quelques mots que Gwen ne comprit pas. Dougual eut un rire bref en ripostant :

— Mais oui, j’attendrai que la fête costumée ait eu lieu. Quoique, à vrai dire, ces réunions mondaines ne m’intéressent plus guère. Peu d’hommes s’élèvent au-dessus de l’insignifiance. Quant aux femmes… eh bien ! aucune n’a encore réussi à m’inspirer autre chose qu’un caprice de quelques jours ou de quelques mois.