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Mme  Dourzen, avait-elle pu acquérir cette instruction étendue qui lui permettrait de gagner son existence dès qu’elle serait libérée de la lourde tutelle des Dourzen.

Comme elle avait l’âme noble, elle se sentait fort reconnaissante du grand service que lui rendait ainsi Mlle  Herminie, et le lui témoignait par toutes les petites attentions en son pouvoir.

Quant à l’affection… ceci était une autre affaire.

Gwen était cependant une nature aimante : son cœur comprimé ne demandait qu’à s’ouvrir au contact d’une autre affection. Mais, précisément, elle avait l’impression que celle-ci n’existait pas chez sa protectrice.

Plus d’une fois, depuis qu’elle était jeune fille et réfléchissait davantage, elle s’était demandé quel sentiment provoquait l’intérêt que lui portait Mlle  Herminie. Intérêt cependant réel, sincère, comme le prouvaient le soin, la peine qu’elle prenait pour lui donner cette culture d’esprit étendue et pour l’entretenir en bonne santé. Mais Gwen, près de cette femme à l’esprit vif, caustique, au cœur sec, flétri par quelque lointaine désillusion, n’avait jamais éprouvé la sensation de chaleur, de réconfort dont son âme avait soif.

— Tu es la fille de mon cousin Armaël, Gwen, c’est pourquoi je veux te préparer un avenir convenant au nom que tu portes, lui avait dit la vieille demoiselle.