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très mince, d’une rare élégance, et une allure légère, ailée, dont la grâce était incomparable.

Hervé Dourzen pensa : « Quelle jolie femme, décidément ! » Mais il garda cette réflexion pour lui. Il avait appris l’art de se taire à propos, depuis qu’il était l’époux de Blanche Corbic, la fille bien dotée d’un marchand de nouveautés enrichi pendant la guerre.

— Ton cousin Armaël n’a pas dû être long à regretter son sot mariage. Je ne m’étonnerais pas qu’il soit mort de chagrin.

— Mon amie, pourquoi imaginer cela ? Armaël a eu une rupture d’anévrisme…

— C’est elle qui le raconte, mais nous n’y avons pas été voir. En tout cas, il a donné sa démission pour se marier, ce qui lui faisait perdre son avenir. Très probablement, il a dû bien le regretter par la suite, quand la réussite dans les affaires entreprises n’est pas venue… Enfin, ça le regardait, ce garçon. Mais il est fort désagréable pour nous qu’il ait introduit cette personne dans la famille.

Hervé baissa le nez, qu’il avait fort long, en prenant un air contrit, comme chaque fois que sa femme lui faisait sentir qu’après tout les Dourzen, tout nobles qu’ils fussent, n’étaient pas très qualifiés pour se mettre au-dessus des Corbic, lesquels n’avaient pas dans leur honorable famille d’alliance équivoque, comme celle contractée par Armaël Dourzen.

De nouveau, Blanche se pencha à la fenêtre.