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Avant d’avoir pu réfléchir, Gwen se dirigeait vers l’endroit d’où venait cette mélodie. Elle atteignit un bosquet de myrtes, écarta des branches et regarda…

Il y avait là, au bord d’un lac orné de nénuphars, une petite construction bâtie dans le style des temples hindous. Elle était ancienne, ayant été élevée par un Penanscoët du XVIe siècle qui avait assez longtemps séjourné dans le royaume de Kashmir. Ce soir, deux lampes d’or, pendues à la voûte par des chaînes légères, l’éclairaient d’une lueur rosée. Des tentures de soie jaune brochée d’argent couvraient les murs. Par la porte de bronze largement ouverte, Gwen voyait un divan couvert de somptueux coussins, sur lequel était à demi étendu un jeune homme aux cheveux fauves, au fin visage légèrement bronzé, qui tenait les paupières à demi closes, tandis qu’entre ses lèvres fumait une cigarette. À ses pieds était assise une jeune femme. Elle portait un corselet de velours pourpre, une jupe de gaze blanche lamée d’or ; de longs voiles blancs couvraient ses cheveux sombres, entouraient son charmant visage couleur de bronze clair. Elle tenait un instrument dont elle tirait les sons qui avaient attiré Gwen. Mais tandis qu’elle jouait, ses yeux ne quittaient pas le visage immobile du jeune homme. De beaux yeux noirs, tendres et brûlants, qui témoignaient d’une véritable adoration.

Gwen, bien qu’elle ne l’eût vu qu’une fois,