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pouvait se refléter à l’aise dans l’eau calme des bassins. Gwen avança, de cette allure légère qu’elle tenait de sa mère. Elle longea l’orangerie, sur laquelle s’attachaient d’admirables rosiers, puis s’arrêta pour contempler le château, dont la façade principale lui apparaissait ici, très distincte sous la lumière nocturne.

C’était là le bâtiment construit au cours du XVIIIe siècle. On l’avait relié par une galerie aux restes du château féodal. Une large terrasse de granit s’étendait devant les hautes portes vitrées du rez-de-chaussée. Plusieurs d’entre celles-ci étaient éclairées par une vive lumière venant de l’intérieur. Une ombre mince allait et venait sur la terrasse. Gwen pensa : « C’est peut-être le jeune vicomte de Penanscoët, celui dont le chien m’a mordue, autrefois. »

Elle ne l’avait plus revu. Depuis quatre ans, les Penanscoët n’avaient pas reparu à Kermazenc, et maintenant ils ne s’y trouvaient que depuis quelques jours.

« C’est sans doute le comte que j’ai rencontré ce matin, dans le sentier, pensa la fillette. Je n’aime pas du tout sa figure ! »

Elle avait entendu dire qu’ils étaient très, très riches, ces Penanscoët, et de très puissants personnages. On racontait aussi qu’ils avaient une existence mystérieuse, là-bas, dans la lointaine Asie. Ceci intéressait l’imaginative Gwen. Elle aurait voulu voir Mme  de Penanscoët, la