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poison. Mais rien n’a pu prouver qu’elle se le soit versé elle-même. Plusieurs fois, elle était venue causer avec moi et, bien loin de songer à se donner la mort, elle s’inquiétait au contraire à l’idée qu’elle pouvait être enlevée par une maladie ou un accident, en vous laissant seule sur la terre. À mon avis elle a été empoisonnée par une main criminelle. Mais de cela non plus, on n’a pas trouvé les preuves. Toutefois, Mme  Dourzen a grand tort de parler de suicide, quand, je le répète, rien ne vient confirmer une semblable opinion.

Gwen avait été un peu soulagée, après avoir entendu cette déclaration catégorique. Mais un autre tourment s’était insinué en elle. Sa mère aurait donc été tuée ? Par qui ? Pourquoi ? Elle n’avait pas entendu dire qu’on leur eût rien volé. Alors, qui donc avait pu venir ainsi empoisonner Varvara Dourzen ? Plus d’une fois, depuis lors, l’enfant s’était posé cette angoissante question, sans pouvoir y donner de réponse.

Elle y pensait un jour, lorsqu’elle entendit ouvrir une porte voisine et annoncer par la voix un peu traînante de M.  Dourzen :

— Voilà les Penanscoët arrivés, Blanche !

— Ah ! ah ! dit Mme  Dourzen avec un accent de vive satisfaction. Par mer, sans doute ?

— Oui. J’ai aperçu leur yacht. Magnifique ! Ils doivent mener plus grand train que jamais, si l’on en croit ce qu’on raconte sur leur séjour à Paris.