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GWEN, PRINCESSE D’ORIENT

Et elle voyait par la pensée, à cette heure, Mlle Herminie assise dans son salon, un livre à la main, tandis que près d’elle sa fidèle bonne Macha travaillait à quelque ouvrage d’aiguille.

Ah ! quelle que fût la tristesse de sa situation présente, elle ne regrettait rien de ce passé ! Pendant un mois, elle venait de vivre des heures d’inoubliable bonheur. Pourvu que Dougual continuât de l’aimer, elle était prête à affronter toutes les épreuves, toutes les souffrances.


Une saute de vent avait dégagé le ciel, dans la journée du lendemain, et la lune éclairait la lande quand Gwen, à neuf heures, se dirigea vers sa vieille maison, suivie de Li-Hang.

Quel étrange destin était le sien ! Elle ne pouvait aller à Ti-Carrec qu’en se cachant : autrefois par crainte que Mme Dourzen ne l’en empêchât, aujourd’hui pour d’autres motifs plus graves… Quand donc, ouvertement, pourrait-elle entrer dans cette demeure qui était sienne ?… y entrer avec Dougual, son mari ?… se montrer avec lui aux yeux de tous ?

Et à ce point de ses réflexions lui revenait le souvenir du destin vers lequel marchait Dougual… le destin qui ferait de lui un homme au-dessus des autres hommes, lequel ne reviendrait jamais, peut-être, vers ce berceau de sa