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GWEN, PRINCESSE D’ORIENT

dans cette demeure inconnue, elle sentait une profonde tristesse la saisir, quoiqu’elle s’efforçât de la combattre par la lecture, la musique, des travaux d’aiguille.

Puis une angoissante curiosité la hantait. Qui était-il, cet ennemi dont Dougual ne pouvait la préserver qu’en la faisant fuir et se cacher ?

Un seul nom venait à son esprit : le comte de Penanscoët. Ce devait être un pressentiment, cette impression d’antipathie, d’effroi, ressentie en sa présence. Il voulait, sans doute, briser par la mort une union qui lui déplaisait… Mais quel homme odieux, quel criminel sans scrupules était-il donc, alors ?

Et combien, en ce cas, devait souffrir Dougual ? Elle s’expliquait sa mine assombrie, cet air durci, absorbé qu’il avait eu parfois, durant ce voyage et son court séjour ici. En l’embrassant une dernière fois, au départ, il lui avait dit avec une froide énergie :

— Ne crains rien, mon amour, personne ne pourra te nuire, moi vivant.

Mais quelle chose terrible de penser que celui contre qui il lui fallait défendre sa femme, c’était son père !

Car plus Gwen réfléchissait, moins elle doutait que son mystérieux ennemi ne fût Ivor de Penanscoët.

Puis il y avait encore, pour elle, l’appréhen-